Lettre IV La fleur blanche et le yétin du Vide
C’est l’histoire d’une fleur qui poussait au milieu du Vide et d’un yétin sauvage qui courait partout.
Le yétin était fort et robuste, pourvu de crocs et de griffes tranchants comme des couteaux à steak, il n’avait peur de rien. Sauf peut-être de Dai-Den la Dépression qui passait de temps en temps. Jeune et fougueux, le yétin pouvait courir des heures sans se fatiguer et un jour aperçut une fleur blanche au milieu des pourpres. Elle n’avait même pas d’épines pour se défendre, rien pour repousser l’animal curieux. Il s’approcha pour la renifler et la fleur se mit à crier de peur ! Perturbé, le carnivore recula de quelques pas mais il était trop tard, la fleur s’était refermée sur elle-même. Le yétin glapit après elle mais rien ne se produisit. Il fit la gueule durant un moment et renonça temporairement à son projet de communiquer avec la fleur blanche.
Le lendemain, il revint à la charge… mais moins vite. Il se tapit pour ne pas paraître trop gros et approcha lentement, à pas de ragus. Parfois la fleur sentait sa présence et bronchait légèrement, comme si elle se préparait à se refermer comme un coquillage. Alors le yétin reculait d’un pas pour gagner du terrain. La fleur fit danser ainsi le yétin un bon moment. Découragée et bien embêtée, la bête finit par se coucher auprès de la fleur qui ne savait pas quoi faire de la curiosité de cette menace ambulante.
Le yétin s’endormit.
Lorsqu’il se réveilla plus tard une hideuse créature bavait sur les pétales de la fleur blanche. Un escargot. Une sa-lo-pe-rie… d’escargot ! La fleur ne semblait pas incommodée pas la présence de ce parasite et le laissait la parcourir et la chatouiller avec ses immondes bisoux baveux. Errrrrrrrrrrk ! Le yétin était furieux, de quoi le minus se mêlait-il ! Et le comble de tout ça, c’est que le petit colimaçon était un grand arrogant. Il critiquait le comportement du carnivore et se permettait d’insulter la fleur blanche. Le redoutable animal aurait sans doute croqué le rampant s’il avait pu mais le risque de blesser la douceur végétale était trop grand. Les enjeux étaient trop importants et le prédateur fulminait d’être mis en échec aussi facilement par un ennemi aussi dégoûtant qu’insignifiant.
À suivre
Mata yumé