En tant que modératrice, il est nécessaire d'être vigilant à sa sécurité et à celle de ses collègues.
Les modèles de menaces les plus évidents sont :
Veillez à respecter de bonnes pratiques d'hygiène numérique :
Certains mots de passe peuvent être partagé dans le cadre de la modération, par exemple un compte global pour communiquer publiquement sur les actions entreprises. Dans ce cas, le partage doit se faire uniquement de façon sécurisée et contrôlée, par exemple avec un logiciel comme Bitwarden ou Teampass, ou encore un pastebin chiffré qui s'efface à la première lecture. Le tout hébergé sur des serveurs fiables, dont vous connaissez les administratrices.
Chaque structure a ses propres règles de sécurité. Votre administratrice système est probablement la référence sur le sujet, discutez avec elle de vos pratiques afin de faire évoluer la sécurité générale.
Ces consignes s'appliquent pour toute votre vie numérique, mais elles doivent être suivies de façon encore plus drastique lorsque vous avez accès à des pouvoirs.
Protéger votre vie privée est toujours une bonne chose sur le net ; cela devient essentiel lorsque vous êtes modératrice.
Vous devez toujours veiller à séparer votre rôle de votre identité, pour votre sécurité et pour l'efficacité de votre action.
Lorsqu'il y a besoin de modérer, utilisez un compte dédié à la modération. Ne faites aucun lien avec vos autres comptes personnels.
Nul ne doit savoir que Moderator789 est aussi Cat_wow_Lili73. Cela permet à Cat_wow_Lili73 de continuer à publier des vidéos de chatons mignons, et de parfois dire en place publique tout le mal qu'elle pense des chiens, sans se voir reprocher le fait qu'elle est modératrice ; cela évite aussi que l'autorité de Moderator789 soit diminué à cause des chatons.
Le risque d'être pris pour cible de harcèlement ou de représailles après une action de modération est importante, d'où l'importance de différencier les deux identités. Évitez de donner des indices permettant de vous relier, ou mettant l'anonymat d'une de vos collègues en péril.
De même, éviter qu'on relie votre compte personnel à un rôle dans l'équipe de modération, cela évitera qu'on vienne vous embêter en privé pour demander des justifications aux actions entreprises. Si jamais de telles demandes arrivent, redirigez vers la façon de contacter l'équipe de modération, sans répondre à ce qui vous est demandé.
Posez-vous la question : si vous disparaissez brutalement, que se passera-t-il pour votre communauté ?
S'il y a assez de modératrices, avec des droits bien distribués, pas de souci. Sinon, veillez à recruter, et à déléguer les pouvoirs.
Vous avez parfaitement le droit de vouloir prendre des vacances à un moment. Vous pouvez avoir un accident ou tomber malade. Vous pouvez décider un jour de vous en aller. Votre ordinateur peut tomber en panne. Il n'est pas toujours possible de prédire les absences de ce genre, donc veillez à ce qu'il y ait toujours d'autres personnes avec qui partager les responsabilités, afin que votre communauté ne pâtisse pas d'une absence inopinée.
Veillez aussi à tenir la documentation à jour afin qu'une personne nouvellement recrutée puisse rapidement vous remplacer au besoin.
La modération peut amener à vivre des choses difficiles.
Il peut s'agir de la simple difficulté à arbitrer des conflits perpétuels, de situations qui réveillent des souvenirs douloureux, ou de la gestion d'images et de faits au potentiel traumatique (par exemple images ou récits de : pédophilie, zoophilie, meurtres, tortures, etc.1)). Les difficultés peuvent se révéler lors d'un acte unique (une image particulièrement gore qu'il aura fallu modérer, mais donc voir), ou par la répétition (un conflit ça va, une année de bagarres de cours de récré ça use).
Ce risque est une réalité qu'il ne faut pas sous-estimer, et qui peut déclencher diverses réactions, un stress un peu trop régulier, des épisodes dépressifs, des crises de colères, voir dans les cas les plus extrêmes à ce que les psychiatres appellent décompensation (la structure psychique s'effondre pour un temps plus ou moins long), ce qui est typiquement le cas des burn-out.
Ce n'est cependant pas une fatalité, à condition de prendre ce risque en compte.
Avant tout, soyez à l'écoute de vos émotions et de vos ressentis. Si ça ne va pas, parlez-en avec des personnes de confiance : vos collègues, un proche, une thérapeute qualifiée. De même, prêtez attention à une collègue qui vous fait part de son malaise ; si le sujet est délicat pour vous, redirigez-la vers une professionnelle de l'écoute.
Au sein de l'équipe de modération, il est important de laisser un espace de décompression, où se lâcher et dire ce qu'on peut avoir sur le cœur.
Mettre en place de l'analyse de pratique peut aussi être intéressant. Il s'agit de se retrouver à intervalle plus ou moins régulière (une fois par mois, par an…) et d'échanger sur les difficultés rencontrées, qu'il s'agisse des questions pratiques ou des difficultés plus émotionnelles, le tout sous la supervision d'une personne formée à l'analyse des pratiques.
Prenez soin les uns des autres au sein de l'équipe de modération et en cas d'inquiétude pour une de vos collègues, parlez-en.