Les rugissements des dragons deviennent de plus en plus inquiétants. Aujourd'hui, j'ai pris mon courage à deux mains et je suis allée jeter un coup d’œil à leur nid. Leur nombre avait encore augmenté depuis la dernière fois.
Autrefois, ce genre de menace n'aurait pas eu le temps de s'installer. J'avais une belle armure bien solide, des armes affûtées et le bras vigoureux. Le premier dragon à s'installer dans la région n'aurait pas fait le fier longtemps.
Mais les temps changent, les héros meurent ou vieillissent, tandis que les dragons et autres monstres continuent de proliférer tranquillement.
Un dragonneau s'est éloigné des autres. Un petit ver, lourd de menaces futures mais encore jeune. J'ai secoué ma carcasse décatie, la peur au ventre, et je lui ai sauté dessus. Je lui ai serré le cou jusqu'à ce qu'il arrête de se débattre.
J'ai regardé les autres, plus loin, bestioles aveugles au souffle de braise. Stupides dragons. J'ai reculé.
Demain, peut-être…
Je sais pourtant que demain, d'autres dragons se seront ajoutés à la meute, et que je serais encore plus faible qu'aujourd'hui.
Alors quoi ? Est-ce que moi, la terrible guerrière qui autrefois riait de la mort, j'ai reculé par couardise ?
Il me restait juste assez de force pour m'avouer que oui. J'avais peur. Une peur qui me pousse à fuir aussi loin que possible… Mais cela n'empêchera pas les dragons de proliférer et un jour ou l'autre, c'est eux qui auront ma peau.