La terre était vide et austère
L'espace stérile et sans mouvement
Les échos du chant s'étaient éteints
Et le monde était une plage à l'abandon
Univers stérile et sans rêve
Alors doucement vint la régression
Comme une marée rejoignant la haute mer
Les étoiles se serrèrent pour se réchauffer
Les soleils s'éteignaient et cessaient de bouger
Le Monde dans sa lente rotation ramenait ses enfants à lui
Sentant la Roue tourner, inlassablement
Vers son inéluctable périgée
Enfin le silence fut fait
Enfin le vide fut entier
Et dans un dernier vacillement
Tout rejoignit la Matrice en un faible embrasement
Le ciel était sombre et sans étoile
Dans l'espace nul cri, nul chant
À l'infini des champs d'éternité
Un corps sans esprit, une âme sans essence
Il ne restait rien à décrire
Et personne pour le faire.
Alors du fond du temps naquit une note
Un son profond qui envahit le néant
Rebondit contre le bord du monde
Et le son premier rencontrant son écho
En une myriade de sons se fragmenta
Le chant enfin explosa
Tout de lumière et de fureur
La mer rugit, le ciel s'embrasa
La terre gémit et l'air fut respiré
Et inspiré par mille vivants
Car le chant n'était pas que musique
Mais chaleur et odeur
Rêve et ardeur
Et l'univers fut
Là où rien n'existait.