Les signes, dispersés, quadrillent la ville. Je suis en traque : je furète, j’épie, je guette. Mon regard détaille chaque gouttière, chaque corniche, épinglant les indices laissés sur les façades, parfois sur des marches d’escaliers, du mobilier urbain.
Je lis les murs comme des livres, à la recherche d’ambiance, des fragments d’histoires que portent ces tâches.
Parfois, c’est une faïence, une mosaïque, parfois un simple pochoir ; parfois un élément de fresque, rappel de fresques plus grandes, ailleurs dans la ville.
Éléments discrets et qui pourtant véhiculent quelque chose, petits éléments que les passants ignorent.
C’est comme un jeu d’attention en ville, c’est à qui le voit en premier. Fragments de poésie qui colonisent le béton et la pierre, comme un fil rouge dans la ville. Comme une sorte d’être vivant qui grignote doucement la pierre des villes, pousse dans les endroits les plus improbables.
C’est ce décalage qu’ils font naître : un signe laissé par d’autres aventuriers de l’ordinaire pour dire “prenez le temps de regarder autour de vous”, car là où ils se posent, ils invitent à regarder l’environnement d’un autre œil.
Autour de ces fragments, une histoire se tisse, parfois réaliste, souvent étrange, sur qui a mis ces signes-là, pourquoi, dans quel but. Porte ouverte sur un autre monde, graine de fantaisie poussant dans le banal et le quotidien…