Les parents biologiques de Laofa étaient des Zoraïs adeptes des sports extrêmes. C'est du moins ce que se disait la jeune homine quand elle pensait à leur fin : quelle idée d'aller se promener dans la Goo quand on a deux enfants en bas âge ? Elle comprit bien plus tard qu'elle était, comme eux, d'une lignée de curieux capables de défier la mort pour répondre à une question innocente.
Quoi qu'il en soit, ses parents avaient fini dans le ventre d'une bande de frippos contaminés par la Goo, les laissant, ses sœurs et elle, orphelines. A cette époque, sur Silan, il y avait déjà un grand flux de réfugiés et nul ne savait si les trois petites Zoraïes avaient de la famille ailleurs. Elles finirent par être recueillies par un couple de Trykers déjà plus tout jeunes, qui les élevèrent comme leurs propres enfants.
Ses sœurs Zirania et Yunka, un peu plus âgées, développèrent avec le temps le sérieux propre aux Zoraïs et à leur majorité, elles décidèrent de rejoindre les Rangers de Silan, dévouant leur vie à aider les autres. Mais Laofa grandit avec des tas que questions existentielles. Une Zoraï élevée dans la tradition tryker, cela laisse parfois des marques… Elle restait en admiration devant les “grands bleus”, comme les appelait Ma'Mi, intimidée par le sérieux et le hiératisme de ceux de sa race, mais elle ne pouvait s'empêcher de faire des bêtises, d'accumuler des maladresses et de rire de tout et de n'importe quoi, bien loin de la retenue qu'on disait inhérente aux Zoraïs. Elle se sentait tryker au fond d'elle-même, en fait…
L'ambiance cosmopolite du camp de Silan encourageait du reste un certain mélange des genres. Ses meilleurs amis étaient une Fyros et un Tryker, Verica et Bredi. Ensemble ils allaient taquiner les yubos et ramasser les plumes des izams pour décorer leurs cabanes d'enfants. Ils faisaient aussi régulièrement l'école buissonnière, au grand dam de Zirania, qui grondait sa sœurette :
“Si tu n'écoute pas un peu mieux, tu ne deviendras jamais Ranger !”