Petits carnets, n°2

Un autre extrait indiscret des carnets.

Dans les jours qui suivent, on voit Laofa reprendre une vie sociale. Les notes sont un peu décousues. Laofa semble savoir écrire en courant…

Super chasse aujourd'hui. Kaewa m’a montré un coup assez efficace. Récupéré de jolies peaux pour une belle armure.

Quelques gouttes d’eau tombées sur la page ont fait baver l’encre.

Les Bains de Pyr. A mettre dans le Guide, mais qu’en dire ? Au delà du simple plaisir de l’eau chaude, c’est un vrai observatoire des rituels de séduction homins. L’expression «noyer le poisson» est, paraît-il, une référence à l’anatomie particulière des Fyros. Ne me demandez pas de vérifier…

Un dessin plus bizarre que d'habitude. Une... tache ???

Un brin d’herbe est resté coincé sur cette page :

J’ai réussi aujourd’hui à rassembler ceux de la guilde pour leur raconter l’histoire de la grenouille. Je ne sais pas à quoi je m’attendais. Il faut sans doute être une grenouille pour comprendre. Bizarrement, c’est Kaewa qui semble avoir le mieux compris. Enfin, elle a fait une drôle de tête.

Je me demande vraiment pourquoi j’ai fait ça…

Pas d'évolution malgré les soins. Ou grâce à eux ? Ça ne semble pas cicatriser. Ça se réveille surtout quand j'angoisse. Gratter ne doit pas aider mais c'est un réflexe difficile à surmonter. Très gênant en début de combat, après je l'oublie. Quant à éviter les situations stressantes… C'est l'Écorce. Je ne suis pas encore prête à me retirer du monde.

Après quelques détails sur l’architecture de Pyr :

Il faudra bien que je retourne au Pays Malade. C'est là-bas que sont les réponses. La bibliothèque du Wa Kwai suffira sans doute, d'ailleurs. Ils ont un paquet de sujets traités. Je suis sûre que je m'inquiète pour rien.

Sans doute.

Les notes suivantes sont prises à la Bibliothèque du Monastère Wa Kwai. Laofa marmonne parfois dans son masque…

Suivent les noms de tribus du Pays Malade. Deux sont simplement soulignées : les Illuminés, la Compagnie de l’Arbre Éternel. Trois autres sont entourées : les Maîtres de la Goo, le Cercle Noir, les Antekamis. La dernière est aussi soulignée de trois traits rageurs.

L’écriture de Laofa se fait plus vive tandis qu’elle prend ses notes. Le trait est plus appuyé, les lignes droites remplacent les courbes.

Mutiler les cornes. Pas que ça, certains vont encore plus loin. Comment peut-on faire ça de manière volontaire ?

Mais j'étais prête à m'arracher le masque, moi aussi, tellement ça faisait mal… Heureusement que ça faisait encore plus mal de le toucher. D'autres drogues qui les rendent insensibles à la douleur ?

Non. La douleur… Elle nourrit, à un moment. Elle devient bonne, elle rend vivant

La note reprend alors d’une main tremblante, qui contraste avec la brutalité qu’on sent dans la graphie de la phrase précédente.

Ce n'était pas un cauchemar. Je n'ai pas rêvé. C’est vraiment arrivé. Que les Kamis aient pitié de mon âme… Ce que j’ai fait…

Ça démange, c’est affreux. Est-ce qu’il y a une chance infime que ce ne soit pas… Il faut rassembler toutes les infos. Il y a suffisamment de plantes étranges sur Atys pour faire des cocktails détonants.

Puis l’écriture de Laofa redevient paisible, affirmée et précise.

Les Antekamis font bien partie des tribus à Goo. Peu d’études sérieuses avaient été conduites à leur égard. On les soupçonne d’entretenir des relations avec la Karavan ou d’avoir joué un rôle dans certains affrontements. Quoi qu’il en soit, ils semblent être des anarchistes terroristes en marge de la société zoraï, fermement opposés à la Théocratie.

L’un des auteurs les qualifie de «l'une des tribus les plus mesquines et pathétiques d'Atys». Mais les pièces de puzzles donnent plus l’image d’une bande de mercenaires fanatiques dans leur haine contre la société zoraï. Manipulés par le Cercle Noir et les Maîtres de la Goo ? Peut-être… Cependant, les Antekamis testent leurs drogues de leur plein gré, en sachant ce qu’ils font. Et dans leur vision torturée du monde, ces tribus ont raison. Les Antekamis combattent en ignorant la peur et le salut. La Goo et les autres drogues doivent faire des ravages considérables dans leurs rangs, mais ils y gagnent durant un temps une force colossale et une absence de peur qui confine à la folie tout en faisant d’eux des guerriers redoutables.

L’écriture redevient tremblante :

Pas le choix. Il faut y retourner. Les réponses sont là-bas. Ça fait plus de dix jours maintenant…

Peut-être que Fakuang ne me voulait pas de mal, que c’était juste de l’inconscience ? Non, mieux vaut l’éviter. Trouver une autre idée.

Dessin d'un camp, extrait d'un carnet

Le texte, pour ceux qui auraient du mal à le lire sur le dessin :

Dérober une fiole, l’analyser ? Comment ? Je n’ai ni les connaissances ni le matériel. Il vaut mieux éviter de demander de l’aide aux Zoraïs de la Théocratie si je ne veux pas me faire tuer ou pire, bannir.

De toute façon, impossible d’approcher discrètement du camps. Trop bien gar…

La note s’achève brutalement sur un gros pâté d’encre, la plume a visiblement dérapé d’un coup.


Conversation d’un garde à un autre à l’entrée de Min Cho.

-La petite Zoraï de l’autre jour, tu l’as revue ?
-Laquelle ?
-Celle qui passait régulièrement dans le coin pour aller forer… L’autre jour, elle est revenue comme une bombe du Promontoire. Elle avait l’air terrifiée, la gamine. Un de ces dingues d’Antekamis était à ses trousses. Dommage qu’il n’ait pas approché. On ne pouvait pas quitter notre poste mais j’aurais bien fait du sushi de zoraï-goo… il ne se passe jamais rien ici.
-Né, je ne l’ai pas revue, mais on m’en a déjà parlé. We Li Qiao m’a dit qu’elle avait repris son mektoub et était partie comme si elle avait la Karavan aux trousses.

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