Chère Fleur Sauvage,
J’arrive à ne plus penser à toi.
Enfin, je pense à toi mais la potion me permet de penser aussi à autre chose. Enfin, non, elle me permet plutôt de ne penser à rien. J’ai eu une conversation agréable hier avec Mayukyo et une un peu étrange avec La Grande Pourpre. Laisse-moi te raconter ce que je me souviens des deux, pour la partie que j’ai oubliée, je suis désolée. En même temps, je ne comprends pas toujours ce qu’ils disent.
Avec Mayukyo nous avons convenu que l’amour, c’était trop nul. Je l’ai rencontré dans un Noeud Dément, il forait des graines, je sais plus trop pourquoi. Ça m’a rappelé lorsque j’ai fabriqué ton chapelet, je pense que lui aussi avait décidé de créer des machins magiques de protection pour quelqu’un, mais il ne m’a pas dit qui. Tu sais, je pense que je commence à comprendre pourquoi il est cassé. En fait, on est cassés pour la même raison. J’espère que la douleur partira un jour, sans Taki Gami ça serait vraiment trop insoutenable. Je suis contente qu’il ne m’ait pas tourné le dos après le coup de pute que je lui ai fait. Mais tu sais mon but c’était pas de lui nuire en soi, c’est juste que moi aussi j’avais des idées.
C’était des mauvaises idées, ça ne valait pas le coup.
Souvent avec Taki on fabrique ma médic à deux, moi je vais cueillir les plantes et lui il fait la chimie. Il dit qu’il faut que je me ménage, j’ai pas encore le droit de faire la cuisine. Il est encore un peu fâché je pense finalement. C’est normal, je comprends.
De la cuisine j’en fais de mon côté, mais rien de bien méchant. J’ai fait de la purée de racine blanche comme tu m’as montré et j’ai haché du yubo grillé. J’ai mélangé tout ça avec quelques herbes aromatiques, c’était bon. J’ai apporté le goûté à Gami, j’ai été surprise de voir qu’elle avait de l’appétit malgré sa taille de brindille. Tu te rappelles du jour où on s’est dit que d’abattre les Esprits Pourpres était nécessaire ? Bien je pense que nous avons eu tort. Ce sont des gens qui souffrent chaque jour que Ma’Duk fait et ils sont seuls, rejetés par leurs semblables qui les démonisent. Ce n’est pas toujours facile de discuter avec Gami, mais je ne saurais pas te dire pourquoi, je n’ai pas envie de la laisser à elle-même. J’irai lui porter des obentos régulièrement, je ne sais pas si ça lui fera plaisir mais ça l’aidera sans doute à mieux tenir le coup. Elle, elle appelle ça des offrandes, ne lui dis pas mais chaque fois, ça me fait rire. Je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est chou. Je me demande si elle a un réel pouvoir.
Je suis passée à Jen-Lai plus tard dans la journée et je pense que je me suis endormie sous l’arbre-qui-jase-à-Jena. Je me sens souvent très fatiguée et je dors plus qu’avant. Je n’ai plus envie de me battre, ni de faire grand chose d’ailleurs.
Mata yumé,
Yétin du Vide