Un Noël ordinaire

Échos entendus entre deux Mondes.

 Image de R. Jay GaBany, CC BY-SA, (cliquez pour aller à la source)

— Ça fait combien de temps que nous ne sommes pas allés à Noël ?
— Je ne sais pas… un éon ou deux… On ne compte plus, à mon âge.
— Ne fais pas l’aigri. Rien ne bouge, tout est mort, on croirait que la vacuité a gagné.
— N’est pas mort ce qui à jamais dort…
— Et si tu ne te réveilles pas, tes adorateurs vont finir par se lasser ! Allez, on se bouge.

[…]

— Dis-moi, ne serions-nous pas déjà passé devant cette étoile ?
— Aucune idée. Je me contente de suivre les indications. “Au pulsar, tournez à gauche”.
— Lequel ?
— Et bien à force de tourner, on finira bien par trouver, non ?

[…]

— Loin de moi l’idée de mettre en doute tes talents de navigateur, mais la prochaine fois que tu t’ennuies, essaie plutôt de trouver le chemin de ta forge, d’accord ? Je ne sais pas où nous sommes, mais ce n’est pas Noël.
— Il y a des endroits pires où arriver.
— Pires, certainement, mais plus ennuyeux, plat et sans intérêt, je ne crois pas. J’aurais dû rester chez moi à compter les âmes. C’était plus passionnant.
— Au lieu de te plaindre, si tu essayais de faire quelque chose ?

[…]

— Et voilà. Suffisait de demander.
— Déplacer l’univers juste pour te retrouver au bon endroit manque franchement de finesse.
— Qui le saura, à par nous ? Enfin, sauf si tu comptes parler…
— Ne me regarde pas comme ça. J’aurais bien trop honte d’avouer que je traine avec quelqu’un dans ton genre, capable d’actes aussi pitoyables.
Après Noël, je te propose qu’on aille faire un tour aux Confins, que je t’apprenne la politesse. Et tu ne devras pas avoir trop de mal à trouver, cette fois, c’est tout droit.

[…]

— Bon Moi, que c’est kitsch !
— C’est toi qui as voulu venir. Tu pensais qu’ils allaient redécorer en noir et rouge, juste pour te faire plaisir ?
— Ça pourrait être très classe. D’ailleurs, je crois bien qu’il y a eu une mode, à un moment…
— Ho, pitié, je ne veux pas de ton délire d’ado goth dépressif. Puisqu’on est là, allons voir si ce qu’on sert est toujours aussi bon.

[…]

— Il n’y a pas à dire, ils savent recevoir.
— Moins bon qu’avant.
— Tu as dévoré l’équivalent de quelques galaxies, ça n’a pas eu l’air de te déranger sur le moment.
— Par courtoisie. Mais tu aurais vu ce qu’ils avaient, la dernière fois que je suis venu…
— J’étais avec toi.
— Ha ? Ta compagnie ne m’a pas marqué.
— Tu as fini la soirée avec ma favorite.
— Et bien moi au moins, je t’ai laissé un souvenir impérissable, héhé.

[…]

— Se faire jeter dehors par des lutins. Je crois que je viens de toucher les bas-fonds de l’humiliation.
— Quelle idée aussi de venir là… Et maintenant, on va au royaume des emplumés, ou on retourne dévaster quelques mondes ?

CC Attribution-Noncommercial-Share Alike 4.0 International Driven by DokuWiki
univers/autres/jour/024.txt · Dernière modification : 30/11/2020 10:36 de 127.0.0.1